Bienvenue dans 20 sur 20, le podcast de L’Express Education. Philippine Dolbeau, entrepreneure, conférencière et animatrice télé, y accueille des personnalités du monde de l’éducation, des hommes et des femmes inspirants venus livrer leurs réflexions sur l’école d’aujourd’hui et de demain. Alors, qu’ils soient chercheurs, entrepreneurs de la EdTech, enseignants, parents, politiques ou même philosophes, tous partagent la même volonté de transformer l’éducation et de préparer la nouvelle génération aux défis de demain. Chaque semaine dans 20 sur 20, nous découvrons ces acteurs qui font bouger les lignes de l’éducation. [Podcast – résumé IA vérifié par la rédaction]
Dans cet épisode, Philippine Dolbeau rencontre Erwan Poiraud. Il revient sur son parcours riche : enseignant, chercheur, directeur d’écoles, chroniqueur… mais aussi militant pour une éducation plus juste, plus concrète et plus vivante. Dans cet épisode, il aborde des sujets aussi variés que l’alternance, l’intelligence artificielle, la pédagogie en mutation, la transmission des savoirs, la formation du citoyen… et même le football.
L’alternance : entre principe pédagogique et modèle de financement
Au cœur de l’échange, l’alternance est présentée comme un principe pédagogique avant d’être un modèle de financement. Il ne s’agit pas d’« apprendre à l’école puis d’appliquer en entreprise », mais d’apprendre et d’appliquer dans les deux contextes, en miroir, de manière continue. Cette dynamique favorise l’ancrage des compétences, l’acquisition de codes professionnels et une rigueur de travail tangible. Erwan Poiraud pointe toutefois des freins persistants : méconnaissance dans certaines sphères éducatives, représentations datées, et complexité réglementaire croissante. Les réformes récentes, en particulier sur le financement et la normalisation des titres, risqueraient selon lui de casser une dynamique pourtant bénéfique aux étudiants et aux entreprises, tout en brouillant la compréhension des familles.
Transmettre pour engager
Sur le plan pédagogique, la frontière entre « instruire » et « transmettre » se précise. Transmettre, c’est guider, scénariser l’apprentissage, mobiliser des mises en situation, et capter l’attention dans un environnement saturé de sollicitations. L’enjeu devient l’engagement : il faut captiver pour capter. Les soft skills ne sont plus accessoires et s’enseignent via des dispositifs actifs. Quant à la « classe inversée », elle doit être maniée avec discernement : la réalité des rythmes de l’alternance plaide davantage pour des remédiations en classe, fréquentes et contextualisées, que pour une préparation lourde en amont.
L’IA comme levier d’individualisation
L’intelligence artificielle est abordée comme un levier d’individualisation et de remédiation plutôt que comme une menace immédiate. Des agents d’IA peuvent devenir des « tuteurs » personnalisés, aidant à réviser, reformuler, et consolider les notions. Le rôle de l’enseignant évolue, moins « détenteur du savoir » que médiateur, coach, chef d’orchestre des ressources et des interactions. Pour en tirer parti, il faut intégrer l’IA au scénario pédagogique, varier les temps avec et sans outil, et travailler la littératie critique : questionner la fiabilité des réponses, comparer plusieurs sources, comprendre les limites et biais. Les compétences clés des enseignants incluent l’animation d’ateliers en îlots, l’agilité numérique et la capacité à se remettre en question.
L’école comme lieu d’expériences
Enfin, l’école conserve une mission irremplaçable : offrir une expérience éducative et sociale, un lieu où l’on apprend par les projets, les responsabilités associatives et la confrontation au réel. Cette expérience passe aussi par des espaces repensés plutôt que des salles standard alignées le long de couloirs. Pour clarifier les parcours, une simplification des appellations de diplômes serait utile, tout comme un meilleur dialogue entre acteurs publics, privés et entreprises. L’ensemble dessine une ambition : conjuguer excellence académique et sens, transmission et professionnalisation, technologies et humanité, au service d’une éducation qui émancipe réellement.












