Selon une étude de Fiverr menée en février 2024, 72 % des Français de la Génération Z (âgée de 16 à 26 ans) envisagent de travailler en tant que freelances, soit une augmentation de 14 points par rapport à l’année précédente. Néanmoins, nombre d’entre eux deviennent freelance malgré eux parce qu’ils ne trouvent pas de travail à la sortie de leurs études. Amani Beaujour est l’un d’entre eux. Jeune diplômé, il raconte ses débuts en freelance.
Amani Beaujour n’a pas connu les joies et les frasques du salariat. À 25 ans, après avoir obtenu en juin 2020 un bachelor en animation 3D et motion design à E-artsup à Lyon, il est devenu freelance. Une voie que le jeune diplômé a subi plutôt que choisi. « J’ai cherché du travail pendant un an mais je n’en trouvais pas. Forcément, cela a été un coup car ayant passé beaucoup de temps à m’investir dans mes études supérieures et malgré mon diplôme, je n’arrivais pas à trouver un poste ». En cause notamment un mauvais timing et une conjoncture économique plus que compliquée. « J’ai été diplômé juste après le premier confinement. Dans le secteur des jeux vidéo où je voulais travailler, le marché commençait à saturer et beaucoup de studios ont licencié. Il y avait moins d’offres et beaucoup de demandes ».
Parlant couramment trois langues, il cherche même à postuler à l’étranger. Mais avec de possibles reconfinements et les incertitudes qui en découlent, les studios étrangers préféraient privilégier l’embauche de personnes en local. Le jeune homme avait déjà pensé au freelancing, au point d’effectuer les démarches une fois son diplôme en poche pour s’inscrire en tant que micro-entrepreneur et pouvoir éventuellement répondre à des missions ponctuelles. Il avait finalement rapidement balayé l’idée. « L’option me faisait peur car lorsque l’on démarre dans la vie active, c’est compliqué. En tant que jeune, l’administratif est quelque chose à laquelle nous ne sommes pas habitués. Il y a beaucoup de choses à gérer, il faut trouver des clients par nous-mêmes, gérer des contrats… ».
Mais après un an et demi de recherche, en 2021, il consent que ce serait « la seule solution » pour pouvoir exercer le métier pour lequel il a étudié. Une fois sa décision prise, les étapes se sont enchaînées assez vite. « J’ai postulé à une annonce sur Linkedin d’une entreprise basée à Grenoble pour tester. Au bout de deux semaines, je travaillais avec eux en tant que freelance » raconte-t-il. En parallèle, l’entreprise qui l’avait accueilli pour son stage de fin d’études revient elle aussi vers lui pour lui proposer des projets en freelance.
Commencer comme freelance pour une mobilité infinie et une liberté au quotidien
Si le jeune homme est devenu freelance par contrainte, il se montre néanmoins satisfait de pouvoir travailler depuis l’Argentine où il a posé ses valises en 2022. « C’est l’un des avantages du freelancing. Je peux travailler de n’importe où, ce que je n’aurais pas pu faire si j’avais été salarié » confie-t-il. Autre privilège, pouvoir gérer son emploi du temps comme il l’entend. Même s’il reconnaît qu’au final, celui-ci reste similaire à celui d’un emploi classique de 9h à 17h. Enfin, il se félicite de pouvoir travailler dans l’univers qu’il souhaitait, les jeux vidéos. Même si pour pouvoir répondre aux différents projets qu’on lui propose, il a élargi ses domaines de compétences et apprécie la diversité des sujets sur lesquels il est amené à travailler. « Je travaille pour toutes sortes de projets, notamment pour l’industrie du cinéma et de la publicité » explique-t-il. Avoir plusieurs entreprises lui permet de travailler sur des projets totalement différents et de « ne pas ressentir la monotonie de faire toujours du jeu vidéo ».
L’an dernier, il a par exemple réalisé un film de présentation de produits pour une entreprise de panneaux solaires pour les agriculteurs. « C’était un projet super intéressant » se souvient-il. Aujourd’hui, il peut mettre en avant les multiples compétences qu’il a acquises grâce à son expérience de freelancing : autonomie, polyvalence et travail en équipe avec des personnes basées aux quatre coins du monde. « En étant à chaque fois seul sur les projets, je suis habitué à gérer tout un processus de production sans dépendre de ce que font les autres. Et je suis capable de communiquer et de travailler avec des gens qui viennent de l’international ».
Même s’il en apprécie les multiples bénéfices, après trois années d’activité en freelancing, Amani confie qu’il aimerait toujours devenir salarié. Avant tout pour une question de sécurité. « J’aimerais ne pas avoir à démarcher des clients pour le mois prochain et avoir une paie qui tombe à la fin du mois » explique-t-il. Car même en étant en freelance, il constate que la concurrence est rude. « L’industrie du cinéma a commencé à licencier lorsque je me suis lancé. Et plus le temps passe, plus la situation s’aggrave. Ce qui a encore plus compliqué ma recherche d’emploi et de nouvelles missions car les gens sur le marché du travail ont beaucoup plus d’expérience que moi ».
S’il reste tenté par le confort d’un contrat et du salariat, il confie qu’il n’abandonnerait pas pour autant son activité de freelancing. Si lui a réussi le passage en indépendant haut la main, il admet que ce statut ne convient pas à tout le monde. « Certaines personnes de ma promo qui voulaient vraiment être salariés ont préféré se reconvertir plutôt que de devenir indépendant car ils ne souhaitaient pas subir le stress qui va de pair avec le statut. En tant que jeune diplômé, nous ne sommes pas habitués à subir ce stress qu’il faut apprendre à gérer ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Le boom du freelancing chez les jeunes diplômés.
Augmentation du freelancing : Selon une étude de Fiverr, 72 % des jeunes de la Génération Z envisagent de devenir freelances à la sortie d’école, marquant une hausse de 14 points par rapport à l’année précédente, même si beaucoup choisissent cette voie par nécessité.
Parcours de Amani Beaujour : Diplômé en animation 3D et motion design, Amani a dû se tourner vers le freelancing après des mois de recherche d’emploi infructueuse, en raison de la saturation du marché post-COVID dans son secteur.
Liberté et mobilité : Bien qu’initialement réticent au freelancing, Amani apprécie désormais la flexibilité qu’offre ce mode de travail, lui permettant de travailler depuis l’Argentine et de gérer son emploi du temps et ses clients à sa convenance, ce qui diffère d’autres contrats.
Développement de compétences : Le travail en freelance a permis à Amani d’élargir ses compétences en collaborant sur divers projets, renforçant son autonomie, sa polyvalence et sa capacité à travailler à distance avec des équipes internationales.
Aspiration au salariat : Malgré les avantages du freelancing, il possède son lot d’inconvénients. Amani aspire toujours à un emploi salarié pour la sécurité financière, notant que la compétition est intense et que le statut indépendant peut engendrer un stress difficile à gérer pour les jeunes diplômés.