Célèbre cheffe pâtissière, Nina Métayer a eu plusieurs vies qui l’ont amené vers la réussite. Distinguée patissière mondiale en 2023 et 2024, sa réputation n’est plus à faire. Pour l’Express Education, elle revient sur son parcours atypique qui l’a mené vers le sommet.
Interview de Nina Métayer, cheffe pâtissière
Après un séjour au Mexique, vous avez décidé de faire un CAP boulangerie, avant de vous orienter vers la pâtisserie. Pourquoi ce choix ?
Nina Métayer : Après mon CAP boulangerie, j’avais du mal à trouver un emploi dans ce secteur qui est très peu féminisé, j’ai décidé de passer un CAP pâtisserie où les femmes sont un peu plus présentes. Au début, ça ne me plaisait pas tant que ça, mais j’avais l’idée de passer par la pâtisserie pour intégrer une boulangerie et montrer ce que j’étais capable de faire.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vision ?
Nina Métayer : Après mon CAP pâtisserie, j’ai intégré le Meurice en tant que commis. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais d’intégrer cette grande maison, alors je me suis donnée à fond. Dans cette structure, j’ai appris en faisant, à retravailler le geste, la technique jusqu’à ce que ce soit parfait. Et de fil en aiguille, la passion pour la pâtisserie est née.
Ensuite, vous n’avez pas arrêté. L’hôtel Raphaël puis le Grand restaurant, avec Jean-François Piège, le Café Pouchkine, à la tête des créations sucrées… Qu’est-ce que ces expériences vous ont apportées ?
Nina Métayer : À l’Hôtel Raphaël, j’ai gravi les échelons pour devenir cheffe pâtissière. J’ai découvert le fonctionnement de toute la partie pâtisserie de l’hôtel : la création de cartes pour le restaurant, des banquets, le petit-déjeuner, constituer une équipe…
Au Grand restaurant de Jean-François Piège, on est sur l’excellence de la création, la compréhension du produit, la minutie pour avoir des mets les plus précis possibles.
Et dans le Café Pouchkine, j’ai découvert comment on passe de la création à la production en grande quantité. J’avais une grande partie création, mais aussi la gestion de grosses machines, avec une logique de rentabilité et d’efficacité.
Ce sont ces expériences qui vous ont donné envie de vous lancer à votre compte ?
Nina Métayer : J’étais prête à me lancer. J’ai fait du conseil international, j’ai ouvert des établissements, en fonction des besoins et des demandes. J’ai notamment ouvert une boulangerie-pâtisserie à Londres avec tout ce que cela suppose, répartition du budget, la gamme de l’établissement. Mais tout s’est arrêté avec le Covid.
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C’est à ce moment que j’ai créé Délicatisserie, une pâtisserie en ligne. J’ai commencé à vendre quelques galettes, client par client avant de développer la clientèle et de pouvoir recruter et m’équiper au fur et à mesure. J’ai agrandi mon projet à la vitesse que j’ai choisie pour ne pas avoir à abaisser la qualité des produits. Et petit à petit, on a pu se développer, ouvrir deux boulangeries dans ma ville de cœur, La Rochelle. Quand j’ai ouvert ma structure on était trois, aujourd’hui, on est une centaine. C’est beau de voir que son travail porte ses fruits.
Tout ce parcours vous a mené à de belles reconnaissances. En 2023, vous devenez la première femme à remporter le titre mondial de meilleur pâtissier de l’année. Comment l’avez-vous vécu ?
Nina Métayer : C’est une reconnaissance de notre travail au quotidien. Avec ce titre, on est dans la transmission d’une philosophie. On ne fait pas que des gâteaux, on valorise les matières premières, on participe à tout un éco-système. C’est aussi la reconnaissance de nos métiers qui sont des métiers de courage.
Même si la pâtisserie est plus féminine que la boulangerie, cela reste un métier masculin… Comment faire pour bouger les lignes ?
Nina Métayer : La pâtisserie est plus féminin dans les bas postes mais aujourd’hui ça change un peu. Il y a de plus en plus de femmes dans notre univers mais il faut plus de femmes cheffes.
Souvent quand on est une femme, on a l’impression de devoir choisir. Comme si on ne pouvait pas faire carrière et fonder une famille par exemple. Or, on peut faire les deux. Tout est possible quand on a des rêves et qu’on s’en donne les moyens.
On vous guide dans vos choix de carrière en vous présentant plusieurs professions dans ce domaine.
Depuis 2025, vous êtes marraine de la fondation Apprentis d’Auteuil. Pourquoi cet engagement ?
Nina Métayer : Pour la transmission qui est l’une des valeurs les plus importantes dans mon métier. Je ne serais pas là si personne ne m’avait aidé, si on ne m’avait pas transmis cette passion de l’excellence. Or la passion se transmet, surtout dans ce métier riche en valeurs.
Et puis ce qui est important, c’est que tout le monde peut arriver au plus haut niveau quel que soit le milieu dont on vient. Pour réussir dans la pâtisserie, tout est une question d’envie, de volonté, d’engagement. C’est un beau message de se dire qu’on est tous à égalité.
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?
Nina Métayer : Il faut enlever tous les freins qu’on peut avoir. J’étais la dernière à pouvoir réussir en pâtisserie et je l’ai fait à force de travail. Il faut se donner les moyens d’atteindre ce que l’on veut faire. Selon moi, tout se joue dans l’état d’esprit qu’on a pour braver les difficultés, se relever, avancer pour réussir.
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Quels podcasts recommanderiez-vous aux étudiants ?
Nina Métayer : J’adore les podcasts où des personnalités partagent leur histoire. Plus que les livres, l’audio permet d’avoir les intonations de voix, de ressentir plus fort les émotions.
Je conseille le podcast Génération Do it yourself qui décortique le succès de personnes qui ont sauté le pas de l’entrepreneuriat. Et, Ressentir de Jessica Troisfontaine qui donne la parole à des hommes et des femmes autour de leurs émotions et leur sensibilité.
Quelles sont les personnes qui vous inspirent ?
Nina Métayer : Mes mentors, bien sûr, Camille Lesecq, Amandine Chaignot, Jean-François Piège, parce qu’ils m’ont donné mon inspiration. Mais au-delà, je suis inspirée par des gens qui savent des choses que je ne sais pas encore. Je cherche l’inspiration dans mes commis, dans les petites actions qui apportent quelque chose de nouveau.
Quels sont les lieux où vous aimez vous rendre ?
Nina Métayer : J’aime me rendre au travail tous les matins et rentrer chez moi le soir. J’aime les choses et les endroits simples, être entourée des gens que j’aime, aller en concert, dîner au restaurant avec des amis. La vie !
Crédit photos : Mathieu Salomé
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Nina Métayer, « Réussir dans la pâtisserie est une question d’envie, de volonté, d’engagement ».
Un parcours atypique menant à la réussite : Nina Métayer, célèbre cheffe pâtissière, a débuté sa carrière après plusieurs expériences dans la restauration, notamment dans des grands établissements, avant de créer sa propre entreprise. Chaque étape a renforcé sa passion et sa technique.
La transmission et l’expérience comme clés de succès : Nina Métayer insiste sur l’importance de l’engagement, du travail et de la transmission. Elle évoque notamment son rôle de marraine de la fondation Apprentis d’Auteuil pour encourager la jeunesse à réaliser ses rêves dans la pâtisserie.
Un métier exigeant mais accessible : La pâtisserie reste un secteur traditionnellement masculin, mais Nina Métayer souligne que la passion, la volonté et l’état d’esprit permettent de surmonter les obstacles, notamment en conciliant carrière et vie personnelle.
La reconnaissance internationale et la valorisation du métier : En 2023 et 2024, Nina Métayer a été distinguée comme meilleure pâtissière mondiale, saluant ainsi le courage, l’excellence et la valeur de la passion dans ce métier d’artisanat de haut niveau.
Conseils pour les aspirants pâtissiers : Nina Métayer encourage les jeunes à dépasser leurs freins, à s’engager pleinement et à croire en leur capacité à réussir, car tout se joue avant tout dans l’envie, la détermination et l’engagement personnel.