Mathématiques, informatique, ingénierie… Depuis vingt ans, les campagnes se succèdent pour attirer les filles vers les sciences. Pourtant, la réalité reste implacable : en 2025, elles ne représentent encore que 30 % des effectifs en classes préparatoires scientifiques, 24 % des diplômés d’écoles d’ingénieurs et à peine 17 % des postes techniques dans l’industrie IT. Face à cette stagnation, une évidence s’impose : les approches traditionnelles ne suffisent plus. Il faut réinventer la façon même d’enseigner et de faire rêver les sciences.
Pourquoi les filles décrochent-elles ?
Le phénomène débute tôt. Dès le collège, les stéréotypes s’ancrent : “Les maths, c’est pour les garçons”, “L’informatique, c’est technique et antisocial”. Ces représentations créent un plafond de verre invisible. La pédagogie traditionnelle amplifie le problème : cours magistraux, exercices abstraits, évaluations individuelles… Cette approche ne correspond pas aux préférences d’apprentissage de nombreuses femmes, qui privilégient souvent la collaboration et l’application concrète.
L’école à petits pas : des projets d’éducation qui ouvrent des brèches
L’Éducation nationale tente de réagir. Le plan “Filles et Maths”, annoncé en mai 2025, prévoit la création de classes à horaires aménagés en 4e et 3e, avec au moins 50 % de filles. Dès septembre 2025, une dizaine de classes expérimentales verront le jour dans cinq académies : Amiens, Bordeaux, Martinique, Nancy-Metz et Normandie.
L’objectif ? Une pédagogie de projet avec des chercheurs et partenaires pour “découvrir les sciences autrement”, selon Elisabeth Borne. Concevoir des prototypes, expérimenter en laboratoire, collaborer sur des défis réels… Cette approche mise sur l’appétence plutôt que sur la théorie pure. Reste à voir si l’expérimentation tiendra ses promesses avant la généralisation prévue en 2026.
Hors les murs : immersion, mentorat et communauté
Face aux lenteurs institutionnelles, des acteurs agiles ont déjà inventé de nouveaux formats. Becomtech, Girls Can Code, Witech ou Les Décodeuses organisent des bootcamps 100 % féminins où des adolescentes découvrent la programmation en immersion totale. Pendant une semaine, elles codent, créent, testent… et surtout se découvrent capables.
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L’ingrédient secret ? Le rôle-modèle féminin. « Avant, je pensais que développeuse, c’était être seule devant son écran », confie Lina, 15 ans. « Mais quand j’ai vu cette ingénieure présenter son travail sur l’IA médicale, j’ai compris qu’on pouvait changer le monde avec du code. »
Cette approche fait écho aux succès internationaux de Girls Who Code aux États-Unis ou Chicas en Tecnología en Argentine, qui créent des espaces bienveillants où les femmes expérimentent sans peur d’échouer.
Et si on passait à la vitesse supérieure ?
Ces approches fonctionnent, mais elles restent encore trop périphériques. Et si on allait plus loin ? Et si l’on était plus audacieux ?
Imaginons une classe de troisième où, au lieu d’un cours magistral sur l’ADN, les élèves plongent en réalité virtuelle dans une cellule pour observer la réplication en temps réel. Ou un challenge inter-lycées où des équipes mixtes conçoivent une solution technologique pour répondre à un enjeu environnemental local, avec des récompenses, des classements et de la gamification qui transforment l’apprentissage en aventure collective.
Ou encore des avatars de rôle-modèles féminins pilotés par l’IA, disponibles 24h/24 pour guider, inspirer et répondre aux doutes : “Comment devient-on astrophysicienne ?”, “Est-ce vraiment difficile d’être une femme ingénieure ?”, “Quels sont les débouchés en biotechnologie ?”
Rien de tout cela n’est de la science-fiction. Les outils existent, la technologie est mature. Il manque l’audace politique et pédagogique de penser une éducation radicalement plus inclusive, expérimentale et enthousiasmante.
Former, oui. Mais surtout faire rêver les jeunes femmes
L’enjeu n’est plus seulement de “sensibiliser” les femmes aux métiers scientifiques. Il est de leur donner envie d’y entrer, et surtout d’y rester. Cela suppose un changement de culture pédagogique profond, où les femmes ne sont plus invitées à rejoindre un monde pensé sans elles, mais contribuent à en dessiner les contours.
On vous guide dans vos choix de carrière en vous présentant plusieurs métiers dans ce domaine.
Parce qu’inspirer, ce n’est pas expliquer. C’est ouvrir un imaginaire. Et c’est ce qu’une nouvelle génération d’éducateurs, d’associations, de mentors et de jeunes filles elles-mêmes est en train de construire.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : STEM au féminin : l’école doit-elle se réinventer pour séduire les filles ?
La sous-représentation persistante des femmes dans les filières STEM : En 2025, les femmes restent minoritaires dans les classes préparatoires scientifiques (30 %). Au sein des écoles d’ingénieurs, elles ne représentent que 24 %.
Les stéréotypes de genre précoces et une pédagogie inadaptée : Dès le collège, les représentations négatives (“les maths, c’est pour les garçons”) et une pédagogie traditionnelle (cours magistraux, exercices abstraits) freinent l’intérêt des femmes pour les sciences, qui privilégient la collaboration et l’expérience concrète.
La nouvelle approche éducative en expérimentation : Le plan “Filles et Maths”, mis en place en 2025, propose des classes à horaires aménagés avec pédagogie par projet, ateliers avec chercheurs, et expérimentations concrètes. Le résultat visé est de rendre les sciences plus attractives aux jeunes femmes.
Les initiatives en dehors du cadre scolaire traditionnel : Des bootcamps, mentorships et communautés (Girls Can Code, Les Décodeuses) proposent un apprentissage immersif avec role-modèles féminins, favorisant la confiance et la découverte des métiers STEM pour les femmes.
Les perspectives d’innovation pédagogique : Les nouvelles tendances de réalité virtuelle, de la gamification, de l’intelligence artificielle et des classes interactives pourrait transformer l’enseignement, en rendant la science plus immersive, ludique et inclusive — à condition d’oser une révolution pédagogique et politique pour faire rêver et inspirer les femmes dans les STEM.