Faire une pause pendant ses études pour travailler, apprendre une langue, voyager… Le gouvernement entend valoriser la césure auprès des jeunes et en faire une nouvelle option dans leurs parcours d’orientation.
Dans moins de 48 heures, Manon Jaouen, diplômée d’une double licence Histoire-Sciences-Politiques à l’Institut Catholique de Paris, va s’envoler pour Shangaï. La jeune étudiante de 21 ans a décidé de passer un an à l’université Jiao-Tong pour apprendre le chinois. « Je n’ai décroché que des Masters de second choix en juin. Plutôt que de choisir une formation par défaut, j’ai préféré partir en Chine pour vivre une expérience différenciante. Je repostulerai l’année prochaine sur Mon Master, avec cette fois-ci un CV enrichi de nouvelles compétences et un projet plus construit ».
Valoriser les « Gap Year »
Le projet de Manon répond en tous points aux annonces faites le 5 juin par Élisabeth Borne. Dans le cadre du Plan Avenir, la ministre de l’Éducation nationale a expliqué vouloir « encourager l’année de césure, si répandue chez nos voisins, et qui peut être l’occasion de s’engager dans un service civique, de mener un engagement associatif, de voyager ».
L’objectif affiché est de permettre aux jeunes de 17-18 ans de découvrir autre chose que les bancs de l’école, au moment où ils ne savent pas toujours ce qu’ils veulent faire. Dans un système où près d’un étudiant sur cinq se réoriente après sa première année, la césure pourrait devenir un moyen de mûrir son choix d’études. Et aux recalés de Parcoursup et de Mon Master, respectivement de 85 000 et de 30 000 en 2024, de profiter de cette « gap year » pour murir leur projet d’orientation. Un groupe de travail, piloté par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) va faire dès cette rentrée des propositions pour mieux valoriser l’année de césure, notamment sous forme de crédits de formation européens (ECTS).
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Des freins persistants
En France, en post-bac, à peine 9 000 lycéens font cette demande sur Parcoursup, qui offre cette possibilité depuis 2018. Quant aux étudiants du supérieur, ils ne sont, d’après une étude publiée par le Cereq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) en février, que 15 % à avoir fait une césure lors de leur parcours. En cause, de nombreux freins : le coût mais aussi la linéarité des parcours, très normée dans l’Hexagone. D’après le Cereq, « les parcours discontinus sont globalement pénalisants pour accéder au marché du travail ».
Les étudiants d’école de commerce en avance
Il n’empêche que ces interruptions commencent doucement mais surement à faire des émules. Si les jeunes ingénieurs et médecins sont ceux qui pratiquent le moins la césure, les étudiants d’école de commerce sont, en revanche, près d’un sur quatre à interrompre leurs études le temps d’un stage, d’un service civique, d’un volontariat international, de bénévolat ou d’un séjour à l’étranger. Dans plusieurs écoles, comme Audencia ou Kedge, la césure est même devenue un « rite de passage » quasi obligé pour acquérir une expérience professionnelle ou personnelle. Dans ce cadre, la césure est une disposition légale et encadrée (un semestre minimum, deux semestres maximum, statut étudiant conservé…). En aucun cas, elle ne s’apparente à une année sabbatique, sous les tropiques, comme beaucoup ont encore tendance à la croire.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Le gouvernement entend valoriser la césure auprès des jeunes
Une nouvelle option d’orientation
Le gouvernement souhaite promouvoir l’année de césure comme un temps utile pour les jeunes, permettant de voyager, travailler, apprendre une langue ou s’engager dans une mission de service civique.
Un outil contre l’orientation par défaut
La césure vise à aider les étudiants recalés de Parcoursup ou de Mon Master (115 000 en 2024) et ceux en réorientation (1 sur 5) à construire un projet plus solide avant de reprendre leurs études.
Un cadre officiel en préparation
L’IGÉSR prépare des propositions pour mieux intégrer la césure, notamment avec des crédits ECTS, afin de la rendre reconnue et valorisée dans le parcours académique.
Des freins persistants
En France, seuls 15 % des étudiants ont déjà fait une césure, freinés par le coût et la rigidité des parcours, contrairement aux pays voisins où la pratique est plus répandue.
Des écoles pionnières
Les écoles de commerce sont les plus avancées, avec près d’un étudiant sur quatre en césure, où elle est devenue un passage quasi obligé pour acquérir expérience professionnelle et ouverture internationale.













