Le 12 mars dernier, l’école des Ponts Business School organisait sur son campus un évènement dédié au secteur de la mode de demain : “Fashion 5.0 – The Emerging Desirable Futures of Luxury Fashion towards Industry 5.0”. Dans le cadre de ses nouveaux programmes Executive MBA et DBA, cet événement marquait également le lancement officiel des spécialisations de son centre ReTech (Responsible Technology Centre de recherche).
Cet évènement a réuni un panel exceptionnel pour explorer l’avenir du luxe à l’ère de l’Industrie 5.0, avec des thématiques clés comme l’IA et la blockchain dans la mode circulaire, l’éthique et la régulation, et l’impact social du secteur. Parmi les intervenants : Suzy Menkes (Journaliste et critique de mode renommée), Carlo Capasa (Président, CNMI Camera Nazionale della Moda Italiana), Pascal Morand (Fédération Française de la Haute Couture et de la Mode), Simone Cipriani (Dean of Executive Education, Milano Fashion Institute, Fondateur UN Ethical Fashion Initiative) et Paola Deda (UNECE, UN Alliance on Sustainable Fashion). Retour sur les principaux enseignements de cette rencontre.
Le secteur de la mode doit se réinventer
La fast fashion a encore de beaux jours devant elle mais il n’empêche que le secteur de la mode a intérêt à se réinventer et vite ! Car la pression légale va crescendo. Mais pas que : les ressources pour produire autant et aussi vite ne sont pas un puits sans fond et les consommateurs s’inscrivent chaque jour davantage dans une consommation plus responsable (même si pour le moment tout le monde n’en a pas toujours les moyens). Le principal enjeu de la mode 5.0 réside donc dans la nécessité de concilier une industrie historiquement gourmande en ressources et génératrice de déchets avec les impératifs de durabilité et de responsabilité environnementale. En mars 2025, le ReTech Center organisait une conférence sur le sujet. Voici ce qu’il faut en retenir si vous souhaitez vous lancer (ou vous reconvertir) dans le secteur de la mode… plus responsable.
Les nouveaux défis de l’industrie de la mode 5.0
Dire que les défis sont nombreux est un euphémisme. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. À l’avenir, elle doit intégrer des pratiques visant à minimiser son empreinte carbone, la consommation d’eau et d’énergie, l’utilisation de produits chimiques nocifs et la production de déchets textiles. Les consommateurs exigent également de plus en plus de connaître l’origine des matières premières, les conditions de fabrication et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Opération transparence et traçabilité obligatoire ! Mais pas seulement. Le modèle linéaire « produire-consommer-jeter » doit être remplacé par une économie circulaire où les vêtements sont conçus pour durer, être réparés, réutilisés et, en fin de vie, recyclés en de nouvelles matières premières.
À tout cela s’ajoute un impératif social. La mode 5.0 doit s’assurer du respect des droits humains et de conditions de travail dignes tout au long de la chaîne de valeur, en luttant contre le travail forcé et le travail des enfants. Enfin dès à présent, l’industrie de la mode doit être en mesure de proposer des produits et des expériences plus personnalisés, répondant aux besoins et aux préférences individuelles des consommateurs, tout en évitant la surproduction. Le nerf de la guerre !
Le numérique comme patron d’une mode plus durable
Au cours de la conférence organisée par le ReTech Center en mars dernier, il a été longuement question des solutions numériques innovantes pour adresser les enjeux de la mode durable. On a évidemment parlé d’intelligence artificielle. De plus en plus performantes, elles optimisent la gestion des stocks, la prévision de la demande avec plus de précision, la réduction de la surproduction, l’amélioration de la conception de produits durables et la facilitation du tri et du recyclage des textiles. L’analyse de toutes ces données permet de suivre l’impact environnemental des produits et des chaînes d’approvisionnement. L’impression 3D offre, pour sa part, la possibilité de produire des vêtements à la demande, réduisant les stocks et les déchets. Elle permet également une personnalisation poussée.
Autre enjeu numérique de taille : la blockchain. Intuitivement, cela ne saute pas aux yeux, mais la blockchain assure une traçabilité à toute épreuve des matières premières et des produits tout au long de la chaîne de valeur, permettant ainsi aux consommateurs de vérifier l’origine et les certifications des articles. Enfin, les technologies de réalité augmentée et de réalité virtuelle impactent en mieux l’industrie de la mode. Elles transforment l’expérience d’achat en permettant aux consommateurs d’essayer virtuellement des vêtements, réduisant ainsi les retours produits et donc l’impact environnemental lié au transport. Elles peuvent également être utilisées pour des présentations de mode virtuelles, limitant ainsi les déplacements.
Comment ne pas parler des leviers numériques en faveur d’une mode plus responsable sans évoquer les plateformes en ligne facilitant la revente de vêtements d’occasion, ou encore la mise en relation avec des services de réparation, prolongeant ainsi le cycle de vie des produits.
La transition écologique, matière première d’une mode plus éthique et éco responsable
Outre les leviers numériques, les acteurs et entreprises de l’industrie de la mode doivent aussi s’interroger sur la refonte de leurs pratiques traditionnelles en faveur de pratiques plus « green », plus vertueuses pour la planète. Les experts sont unanimes pour insister sur le fait que la mode 5.0 doit privilégier les matières biologiques, recyclées, upcyclées et les alternatives innovantes. Par exemple, les textiles à base de champignons, d’algues ou de déchets agricoles.
Objectif affiché : réduire la dépendance aux ressources vierges et aux matières polluantes. Il convient également de concevoir dès le départ des pièces plus durables, réparables, démontables et recyclables, facilitant ainsi leur réintégration dans de nouveaux cycles de production. L’adoption de techniques de teinture et de finition moins gourmandes en eau et en produits chimiques, ainsi que la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre est aussi au cœur du réacteur d’une mode plus propre. L’optimisation des chaînes d’approvisionnement, le recours à des modes de transport moins polluants et la réduction des emballages contribuent aussi à minimiser l’impact environnemental de la distribution.
On le voit, la durabilité ne doit plus être une simple option, mais comme un pilier fondamental de la stratégie des acteurs de l’industrie de la mode, influençant toutes leurs décisions. De la conception à la commercialisation.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : La mode à l’épreuve de la durabilité.
Réinvention nécessaire du secteur : La mode doit s’adapter aux exigences croissantes de durabilité et de responsabilité sociale, face à la pression légale et à une consommation de plus en plus responsable. L’enjeu principal est de réduire les déchets tout en concilient production et impératifs environnementaux.
Transition vers une économie circulaire : Le modèle traditionnel « produire-consommer-jeter », favorisé par la fast-fashion doit être remplacé par une économie circulaire, où les vêtements sont conçus pour durer, être réparés, réutilisés et recyclés. Ils garantissent également des conditions de travail dignes pour les travailleurs du secteur.
Solutions numériques innovantes : L’intelligence artificielle et la blockchain jouent un rôle crucial dans la mode durable. L’IA aide à optimiser la gestion des stocks des entreprises et à réduire la surproduction, tandis que la blockchain assure une traçabilité rigoureuse des matières premières et des produits des marques.
Adoption de pratiques écologiques : Les acteurs de la mode durable doivent privilégier des matières recyclées et biologiques et adopter des techniques de production moins polluantes, face à la fast fashion. Ils optimisent aussi leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire leur impact environnemental.
Durabilité comme pilier stratégique : La durabilité doit devenir un principe fondamental dans toutes les décisions de l’industrie, influençant la conception, la production et la commercialisation des produits des entreprises, au lieu d’être une simple option parmi d’autres.