Le 23 juin dernier, plus de 500 000 lycéens ont commencé à passer le grand oral du bac. Une épreuve décisive pour ces futurs bacheliers qui n’en reste pas moins stressante, notamment parce que la prise de parole en public n’est pas vraiment le “dada” des jeunes. Mais alors pourquoi y-a-t’il de la friture sur la ligne ?
L’expression orale, un compétence clé mais mal maîtrisée par les jeunes
Les résultats de l’étude Eloquentia « Jeunesse & expression orale »*, menée en partenariat avec OpinionWay sont édifiants : 9 jeunes sur 10 considèrent que les compétences orales sont essentielles pour s’insérer professionnellement. Un constat d’ailleurs partagé par les enseignants (84 %) et les recruteurs (82 %). Pourtant, 7 jeunes sur 10 déclarent ne pas se sentir à l’aise avec ces compétences aujourd’hui. Ce qui les stresse le plus ? Engager une conversation avec un inconnu (54 %) ou encore passer un entretien d’embauche (56 %). Les jeunes aiment débattre, mais plutôt en famille (50 %) ou entre amis (45 %). « L’espace public, qu’il soit numérique ou institutionnel, leur semble trop conflictuel, voire violent. 68 % jugent les débats médiatiques agressifs.
Plus globalement, ils expriment un besoin accru d’espaces d’écoute dans toutes les sphères de leur vie quotidienne », constate Olivia Dessaigne, coordinatrice impact et plaidoyer au sein de l’association Eloquentia.
Le manque de confiance en soi et de formation bloquent les jeunes à l’oral
Les jeunes et la prise de parole en public, c’est un peu « je t’aime moi non plus ». Ce paradoxe trouve deux principales explications « 69 % des jeunes déclarent avoir déjà renoncé à prendre la parole par manque de confiance en eux. De plus, les écarts sociaux et de genre sont flagrants sur le sujet. 74 % des jeunes femmes expriment de l’anxiété face à leur avenir professionnel contre 62 % des jeunes hommes. Et les jeunes sans emploi se sentent deux fois moins confiants pour prendre la parole que ceux en poste », argumente Olivia Dessaigne.
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Pour ces jeunes, le manque de préparation à l’oralité à l’école est aussi responsable de leur incapacité à débattre et argumenter. « En réalité, en cours, tous les moments de prise de parole reposent sur des écrits. Par exemple, les poésies, les pièces de théâtre, les exposés… Il y a peu de place pour la spontanéité des échanges », ajoute-t-elle. Un point de vue largement partagé par les enseignants qui sont 63 % à considérer que les programmes scolaires ne prennent pas encore assez en compte l’oral. Plus largement, 51 % des profs interrogés jugent que l’école ne prépare pas correctement les élèves à la prise de parole publique. Et pour cause… deux tiers des enseignants déclarent ne pas avoir été eux-mêmes formés à l’enseignement de l’oral.
Savoir s’exprimer, une soft skill capitale pour les recruteurs
Le monde professionnel s’inquiète du niveau à l’oral de leurs futures recrues. Un recruteur sur deux constate même une dégradation du niveau d’expression orale des jeunes au moment de leur entrée sur le marché du travail. Dommage car pour les employeurs (68 %), les compétences relationnelles et orales priment même sur les hard skills (compétences techniques). 94 % des recruteurs considèrent l’oral déterminant pour l’embauche.
Pour éviter de se trouver dépourvue lorsqu’elle cherchera du travail mais aussi parce que la maitrise de l’oral lui sert dans le bon déroulé de ses études à Sciences Po Paris (1ere année), Chiara Acciaioli, a décidé de suivre un stage de prise de parole chez d’Eloquentia. En juillet 2024, elle a donc participé à une semaine intensive portant sur l’écriture créative, la prise de parole et l’expression corporelle et scénique. « Petite, j’étais une grande timide donc j’ai fait du théâtre pour gagner en confiance en moi. Je ne rencontre pas de problème particulier aujourd’hui pour m’exprimer, mais je voulais renforcer cette compétence car savoir capter l’auditoire lors des oraux est capital », argumente-t-elle. De ce stage, elle est ressortie avec des clés pour mieux contrôler son débit de parole mais aussi pour gérer ses silences et sa respirations. « Lorsqu’on parle en public, il faut également éviter de trop bouger et rester le plus neutre possible avec son corps afin que l’auditoire se concentre sur la voix », témoigne la jeune étudiante de 19 ans.
*Méthodologie : étude réalisée en janvier 2025 auprès de 1 000 jeunes âgés de 16 à 24 ans, 304 enseignants et 200 dirigeants d’entreprise.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet de l’expression orale et les difficultés des jeunes à prendre la parole en public.
Une compétence jugée essentielle
9 jeunes sur 10 considèrent la maîtrise de l’oral comme indispensable pour réussir professionnellement. Enseignants et recruteurs partagent cet avis, soulignant l’importance de cette compétence dans l’insertion professionnelle.
Un manque de confiance généralisé
70 % des jeunes déclarent ne pas se sentir à l’aise à l’oral, notamment lors d’entretiens ou de conversations avec des inconnus. Les jeunes femmes et les personnes sans emploi sont particulièrement touchées par ce déficit de confiance.
Une formation insuffisante à l’école
Les enseignants pointent le manque de place accordée à l’oralité dans les programmes scolaires. 63 % estiment que l’oral n’est pas suffisamment valorisé et deux tiers reconnaissent ne pas avoir été formés pour enseigner cette compétence.
Des enjeux cruciaux pour les recruteurs
Pour 94 % des employeurs, la maîtrise de l’oral est un critère déterminant à l’embauche, souvent plus valorisé que les compétences techniques. Pourtant, la moitié des recruteurs constate une dégradation du niveau d’expression orale des jeunes.
Des solutions existent
Des initiatives comme les stages Eloquentia permettent aux jeunes de renforcer leur expression orale. Témoignage à l’appui, ces formations offrent des techniques concrètes pour mieux gérer le stress, la respiration, les silences et la posture lors des prises de parole.













